La honte toxique
La honte peut être définie comme : « un sentiment d’infériorité, d'humiliation, de perte d’honneur ou de dignité face à une autre personne ». Ce sentiment peut survenir lorsqu’une personne pense avoir commis une faute indigne ou lorsqu’elle craint le jugement négatif des autres.
La honte est un sentiment commun, qui résulte souvent d’un manque de confiance en soi et d’une peur paralysante du jugement des autres. Ce sentiment a pour particularité d’exister par une représentation mentale intériorisée de soi-même amoindrie voire dévalorisée. C’est un sentiment qui agit comme un poison dans l’âme de l’individu et pousse à l’isolement ou des comportements de désocialisation.
Estimation de sa honte toxique
Pour avoir une idée de la présence de honte toxique en soi, il est essentiel de procéder au sondage de son dialogue intérieur, de pouvoir examiner la manière dont on se parle à soi-même et en soi-même. Une fois cette voix autocritique localisée, se demander dans quelle mesure il est possible de la calmer. De manière générale, il est important de sonder quotidiennement son état d’esprit.
Il est également intéressant de se demander si l’image de soi-même qui se reflète dans le miroir ou dans ses propres yeux nous satisfait ou non. La honte de soi est souvent liée à la confiance en soi et à l’estime de soi.
Le déficit d’amour de soi
Le déficit d’amour de soi se caractérise par une dévalorisation de soi, un renoncement à soi-même, à un autosacrifice pour satisfaire les besoins des autres, à une absence de conscience de ses besoins et survalorisation de l’autre. Ce n’est autre qu’un mécanisme hérité ou développé durant l’enfance, une sorte d’instinct de survie pour être accepté et approuvé par sa réalité. Les personnes souffrant du déficit d’amour de soi sont plongées dans l’illusion de réciprocité, dans la croyance que plus ils donneront ou se sacrifieront, plus ils recevront (ce qui ne se produit jamais). Alors, ils tortureront leur esprit avec des justifications toxiques et auto persécutrices comme : « je ne suis pas assez bien », « je ne suis pas aimable pour qui je suis », « il me manque quelque chose », « je ne suis pas assez », « Je ne mérite pas », « je ne peux pas être moi-même sinon je serai réprimé, rejeté ».
Traumatisme et honte de soi
La honte de soi est très souvent développée dans la base de la vie et enracinée dans l’esprit de l’individu. Le sujet grandit en portant une honte polymorphe allant du simple fait de se sentir comme un mauvais objet ou d’avoir de simples besoins (parfois même vitaux). Le sujet pense qu’il est né mauvais et défectueux et qu’il ne gagne le droit d’exister qu’en prenant soin des autres en s’oubliant, en devenant invisible.
Quand les besoins affectifs de l’enfant ne sont pas comblés, il cherche automatiquement un mécanisme pour s’apaiser. Un déficit d’attention entrainera par exemple une idéalisation du parent et un renoncement à soi. La survie physique et psychique de l’enfant dépend des parents qu’il considère naturellement comme des dieux et comme non-défaillants. Le mécanisme de survie chez l’enfant impliquera qu’il s’attribuera les causes de défaillances parentales en les relevant comme de sa faute pour éviter le sentiment de danger et d’insécurité.
L’absence de présence, d’attention, d’affection entrainant chez l’enfant un sentiment de rejet constitue le terrain de développement de la honte de soi.
La honte étant un sentiment extrêmement douloureux, une des stratégies de survie psychique agissant comme protection du traumatisme infantile est le développement de la voix critique. Cette voix est le plus souvent celle du parent humiliant et peut être confirmée par le comportement de l’entourage proche et direct du sujet. Cette voix autocritique se développe pour satisfaire le parent (défaillant).
Les sentiments de dévalorisation, humiliation, impuissance agissent donc comme un mécanisme de défense et le sentiment d’être insuffisant peut se développer soit de façon permanente soit à des moments précis et impacter sur l’image de soi. La honte n’est pas toujours toxique, elle le devient quand elle devient une structure de la personne qui la sabote, la paralyse ou intoxique sa vie.
Se libérer de la honte toxique est difficile car elle est profonde et consiste en des croyances, pensées et comportements ancrés. La première étape va être de parvenir à la voir, réaliser la présence de cette honte, de comprendre ses racines, ses implications et ses manifestations.
Les traumatismes infantiles peuvent être (liste non exhaustive) :
- Le sentiment de non-appartenance ;
- Reproches constant de son entourage pour qui il est (construction du faux self);
- La négligence ;
- La dévalorisation, l’humiliation (surtout si le système familial a l’air normal) ;
- Les abus, violences ;
- Les héritages des traumas parentaux (problématiques transgénérationnelles).
Pistes de résolution
o Comprendre que l’auto-sabotage est lié aux comportements entrainant le plus de honte chez l’individu et qu’il en est en quelque sorte dépendant.
o Importance de développer une empathie par rapport à cette voix autocritique car c’est une partie de soi.
o Identifier les stimuli, les situations récurrentes qui entrainent ces messages négatifs.
o Ecouter son enfant intérieur, être en présence avec lui et compatissant.
o Séparer l’enfant de l’adulte intérieur et le consoler en se représentant mentalement les diverses zones du cerveau et en cherchant la collaboration entre ces deux parties du soi enfant/adulte ; émotion/raison)
o Chercher l’équilibre entre le sens de soi et le sens des autres.
Le travail sur la honte toxique est un axe essentiel dans le travail de guérison de ses blessures, de reconstruction identitaire et dans la thérapie profonde. Comme dit précédemment, la honte toxique trouve ses racines dans l’enfance et dans la construction identitaire d’une image de soi dépréciée et biaisée. L’enfant se développe avec la conviction de ne pas être aimable, d’être défectueux ou rejeté de son groupe s’il est lui-même.
Le faux self permet d’interagir faussement avec l’environnement puisque l’image de soi authentique, son identité réelle est étouffée, rejetée et empoisonnée par la honte toxique.
Cette honte toxique ampute l’individu de son droit d’être lui-même et il est primordial de trouver un moyen de s’en affranchir en étant accompagné par un professionnel de la santé mentale.
Nawal Uariachi
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