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L’éco anxiété ou la peur de l’avenir climatique

Dernière mise à jour : il y a 6 jours



L’éco-anxiété peut se définir comme une détresse émotionnelle persistante face aux dérèglements environnementaux et changements climatiques. Ce n’est pas un trouble mental à proprement dit (répertorié dans le DSM-5 ou la CIM-11), mais un état de souffrance marqué par un stress anticipatoire, une peur de l’avenir ou des catastrophes naturelles possibles, un sentiment d’impuissance et parfois un désespoir profond face à l’avenir trop incertain.


Les jeunes, de plus en plus sensibilisés et connectés à l’actualité climatique mondiale, développent des réactions émotionnelles fortes à ces réalités. Leur discours sont empreints de ces peurs qui parfois les poussent à se poser des questions ou prendre des décisions autour du fait d’avoir des enfants dans un monde en déclin. La peur de la disparition des écosystèmes, la colère face à l’inaction politique, la culpabilité liée à des modes de vie polluants ou encore la tristesse devant les paysages détruits sont des composantes de cette éco-détresse.



Une jeunesse éveillée


Face à l’avenir incertain de notre planète et davantage depuis la pandémie Covid19, de nombreux jeunes ressentent une profonde anxiété écologique. Un sentiment d’impuissance face aux crises environnementales surgit et certains jeunes tentent de transformer cette inquiétude en action. C’est le cas de Greta Thunberg, devenue l’emblème mondiale de la jeunesse qui lutte pour le climat. Ces jeunes « militants » prennent la parole, manifestent, s’organisent et proposent d’autres façons de vivre. Leur engagement est une réponse intelligente à l’angoisse, une manière de reprendre du pouvoir et de défendre un avenir plus juste et soutenable. Une volonté de ne pas garder le silence et dénoncer, se positionner face à ces enjeux climatiques.


Processus psychiques et éco anxiété


L’éco-anxiété touche de plus en plus de jeunes, traversés par une peur et un mal-être face à l’avenir. Plusieurs processus psychiques entrent en jeu. : La cognition catastrophique alimente des pensées obsédantes autour de la fin du monde ou d’un futur chaotique. Ce type de pensées obscures renforce un sentiment d’impuissance avec l’idée que nos gestes du quotidien sont dérisoires face à l’ampleur de la crise. « Le tri ça ne sert à rien », « de toute façon, c’est trop tard », « c’est la fin du monde », « on ne peut plus rien y faire », …

S’y ajoute une dissonance cognitive : le malaise de vouloir bien faire tout en étant pris dans des réalités qui ne le permettent pas toujours (utiliser du plastique, devoir prendre un avion, acheter des produits importés de loin ou produits dans des usines polluantes, etc.). Enfin, certains développent une hypervigilance écologique, scrutant chaque comportement à la loupe, au risque de sombrer dans la culpabilité ou l’épuisement. Une forme de comportement obsessionnel et autojugeant face à sa consommation, son mode de vie mais aussi parfois celui de ses proches. Reconnaître ces mécanismes permet de mieux comprendre ce qui se joue en soi et d’ouvrir des pistes d’apaisement.


Éco-anxiété et symptômes


L’éco-anxiété chez les jeunes ne se limite pas à une simple inquiétude passagère : elle s’enracine profondément dans le corps et l’esprit, jusqu’à impacter leur quotidien.

Beaucoup témoignent de troubles du sommeil marqués par des insomnies ou des cauchemars récurrents liés à la destruction de la planète. Cela survient, par exemple, après avoir vu un documentaire, avoir visité un site pollué, avoir pris conscience ou eu l’information d’une réalité jugée alarmante.


D’autres voient leur appétit fluctuer, entre perte de goût et grignotage compulsif, comme si leur corps cherchait à réguler un stress diffus.


Cette angoisse existentielle peut aussi entraîner une perte de motivation, un désintérêt face à l’avenir ou aux projets à long terme teintés d’un sentiment d’inutilité. Certains jeunes sombrent dans une forme d’apathie, une forme de déprime émotionnelle ou une indifférence protectrice face à un monde trop insécure, devenu trop pollué, trop laid à regarder. D’autres développent une colère militante, brûlante, et parfois enragée, comme unique moyen de ne pas sombrer.


Enfin, l’anxiété écologique peut se traduire par des somatisations : maux de tête, tensions musculaires, douleurs abdominales inexpliquées… (souvent suite à une conscientisation ou par proximité avec des environnements pollués, …) autant de signaux corporels d’un mal-être profond, souvent difficile à exprimer avec des mots.



Comment agir sur son éco-anxiété ?



Voici quelques actions simples pour lutter contre l’éco-anxiété, en gardant les pieds sur terre tout en retrouvant du sens et le pouvoir d’agir :


1. Agir à son échelle

Même de petits gestes peuvent compter : trier ses déchets, consommer local, réduire le plastique, végétaliser son alimentation, planter des arbres, des plantes, des fleurs, … Cela permet de sortir du sentiment d’impuissance.


2. Rejoindre, soutenir des initiatives locales

Participer à des actions concrètes (nettoyages, jardins partagés, marchés bio, ateliers de sensibilisation…) soutenir les marchés locaux comme : Dakar Farmers Market, le marché BioDialaw, le marché ASD,…

ZéroDéchet Sénégal et Kimpavita sont deux associations locales qui œuvrent pour un mode de vie plus écologique et conscient, à travers des actions concrètes, des ateliers, et leur présence régulière sur les marchés bio. Elles sont souvent à la recherche de bénévoles et proposent des alternatives durables et accessibles, tout en créant du lien autour de valeurs fortes. S’inspirer de ces démarches, y adhérer à son niveau, c’est se donner la possibilité d’agir à son échelle et de nourrir en soi l’envie de contribuer à un changement positif.



3. Prendre soin de son corps et de son esprit

Respiration, nature, silence, prière, yoga, écriture… Se reconnecter à soi apaise les émotions et régule l’anxiété.


4. S'informer tout en dosant

Choisir des sources fiables, doser l’exposition aux mauvaises nouvelles, se nourrir aussi d’histoires inspirantes et de solutions.


5. Exprimer son ressenti

Parler à quelqu’un, écrire, créer, dessiner… Donner une forme à l’angoisse la rend moins envahissante.


6. Transmettre, sensibiliser, inspirer

Partager une idée, animer un atelier, faire découvrir une alternative… Être porteur de sens nourrit la confiance.




Eco anxiété et Afrique


En Afrique, et au Sénégal en particulier, l’éco-anxiété est souvent moins verbalisée mais tout aussi présente. Les jeunes y sont exposés à des catastrophes climatiques concrètes : inondations récurrentes à Dakar durant l’hivernage, chaleur insoutenable dans certaines régions, pollution plastique massive parasitant la plupart des coins naturel du pays, raréfaction de l’eau dans les zones rurales, sécheresses. Autant de facteurs qui génèrent un stress environnemental chronique, une colère et un désespoir face aux politiques.


Une étude en Tanzanie révèle que 46 % des jeunes interrogés vivent une forme de détresse liée au climat. Parmi eux, ceux touchés par une insécurité alimentaire sévère présentent une prévalence de symptômes dépressifs 23 % plus élevée. Au Sénégal, bien que les chiffres manquent, les réalités socio-environnementales appellent à la vigilance.







Conclusion

L’éco-anxiété n’est pas une mode passagère. Elle est le reflet d’une prise de conscience de l'urgence écologique, un véritable signal intérieur qui a besoin d’être entendu. Chez les jeunes, elle mêle une grande sensibilité et un profond désir de préserver la nature, le vivant. L’enjeu est d’accompagner cette angoisse, de l’apaiser sans déresponsabiliser.


En travaillant sur la régulation émotionnelle, en aidant à gérer le stress et à développer des pensées plus réalistes, on ouvre un espace pour que cette inquiétude devienne un levier. Reconnecter les jeunes à des actions concrètes, aussi modestes soient-elles, leur permet de se réapproprier leur pouvoir d’agir. Transformer l’éco-anxiété en engagement, c’est peut-être l’un des plus puissants élans d’espoir pour notre temps.


Nawal Uariachi


Références

1. Eco Warriors Movement. (2025). Accueil. https://ecowarriorsmovement.org/

2. Green Africa Youth Organization (GAYO). (2025). Accueil. https://greenafricayouth.com/

3. Kankawale, S. M., & Niedzwiedz, C. L. (2023). Eco-anxiety among children and young people: Systematic review of social, political, and geographical determinants. medRxiv. https://doi.org/10.1101/2023.12.19.23300198

4. KimpaVita. (2025). https://www.kimpavitadkr.com/

5. Prencipe, L., Houweling, T. A. J., van Lenthe, F. J., Kajula, L., & Palermo, T. (2023). Climate distress, climate-sensitive risk factors, and mental health among Tanzanian youth: A cross sectional study. The Lancet Planetary Health, 7(11), e877–e887. https://doi.org/10.1016/S2542 5196(23)00234-6

6. SustyVibes. (2025). Accueil. https://sustyvibes.org/

7. The Lancet Planetary Health. (2021). 75% of the young people around the world are frightened of the future because of climate change. https://time.com/6097677/young-people-climate-change anxiety/

8. Times of India. (2025). From eco-anxiety to emotional fatigue: How climate change is affecting mental health. https://timesofindia.indiatimes.com/home/environment/global-warming/from eco-anxiety-to-emotional-fatigue-how-climate-change-is-affecting-mental health/articleshow/121381188.cms

9. UNICEF USA. (2023). From eco-anxiety to eco-optimism: A global survey of youth perspectives on climate change. https://www.unicefusa.org/sites/default/files/2023 09/UUSA_EcoOptimism_Report.pdf

10. World Economic Forum. (2021). This is what Africa's youth think about climate change. https://www.weforum.org/stories/2021/12/climate-change-africa-eco-anxiety/

11. Zéro Déchet Sénégal. (2025). https://zerowastesenegal.org/

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